269 Nouveautés

Impossible de rester insensible au charme écorché de ces chansons à l'espoir farouche, parfois douloureux, du poignant Linge sale peuplés de souvenirs d'enfance jusqu'au flamboyant A nos absents, Une bougie écrit de manière prémonitoire avant la tragédie du 13 novembre 2015 ou le militant Déchire.

Dans le laboratoire de Laure Briard, on trouve du yéyé, du psych, du garage, de la pop, de la bossa nova mais aussi des décors et des personnages mis en musique comme des saynètes, tableaux et incursions personnelles. Après Révélation, Sur la piste de danse, Sorcellerie et Coraçao louco, la Toulousaine nous revient avec Un peu plus d'amour s'il vous plait, album marqué de maux et d'aventures. De la solitude d'un navigateur à une rupture, de l'errance à une passion insouciante, Laure chante des écorchés vifs, le quotidien et magnifie la détresse avec une interprétation dramatique ou insolente.

60 ans, 40 ans de carrière... et pourtant pour la première fois depuis 20 ans, le pianiste légendaire Ivo Pogorelich retourne en studio et signe, pour son arrivée chez Sony Classical, un album construit autour de deux Sonates de Beethoven (22 et 24), et de la Sonate pour piano N°2 de Rachmaninov. Pogorelich est une légende et un électron libre. Sans avoir quitté la scène, une aussi longue absence au disque rend cet événement réellement important dans toute la sphère musicale classique. Enfant terrible de l'école de piano russe, très respecté de ses pairs, il a mené toute sa carrière chez Deutsche Grammophon, incontrôlable, avec des moyens superlatifs, des partis-pris musicaux souvent tranchés, ayant gravé assez peu mais de façon très marquante : de Scarlatti à Gaspard de Ravel, de Prokofiev à Liszt. Il avait débuté dans le souffre, en réussissant à brouiller le très académique jury du prestigieux Concours Chopin de Varsovie : la Reine et présidente du jury cette année-là, Martha Argerich, en avait même quitté son poste devant la réticence des autres membres à sacrer haut la main ce jeune génie. Il a commencé avec un scandale, et est resté toute sa vie dans le remue-méninges. Son nouveau programme marque les transitions modernistes dans l'écriture des deux compositeurs visités.

Le grand clarinettiste Michael Collins rend hommage au compositeur Bernhard Henrik Crusell, dont les concertos sont incontournables pour l'instrument. A la tête du Swedish Chamber Orchestra, il propose les trois concertos pour clarinette du compositeur finlandais. D'un très haut niveau technique, les oeuvres enregistrées ici demandent un phrasé impeccable, un son puissant mais nuancé, une technique sûre et Michael Collins cumule ces qualités, tout en dirigeant avec précision un orchestre très à l'aise sur ce répertoire.

Le guitariste Santiago Quintans interprète Electric Counterpoint (1987), Nagoya Guitars (1996) et Electric Guitar Phase (2000). L'album est agrémenté d'un bonus "Happy Birthday Mr Reich", une version 80's de Electric Counterpoint dans l'esprit et le jeu de Pat Metheny. L'album a déjà obtenu "Le choix de France Musique" !

Decca Classics présente cet album de la violoniste virtuose sur lequel on découvre une sélection de concertos de Vivaldi et l'incroyable arrangement de Geminiani de La Folia de Corelli, l'un des plus anciens thèmes classiques occidentaux, qui a été arrangé par de nombreux compositeurs au fil du temps, en particulier à l'époque baroque. Geminiani était l'un des plus grands violonistes de l'époque et Corelli était l'un de ses professeurs lorsqu'il grandissait en Italie. Plus tard, lorsqu'il s'est installé à Londres, Geminiani a retravaillé un certain nombre d'oeuvres de Corelli pour le public local, notamment cet arrangement de La Folia.

Ce n'est pas pour rien que ce projet s'appelle ainsi : Kadour Hadadi a déserté à la fois les usages traditionnels de la chanson et les attaches exclusivement méditerranéennes du chaâbi. Il a fait ce que lui dictait sa conscience et même tout simplement son identité de Français né à Roubaix de parents algériens. Ce disque est la plus belle désertion depuis longtemps : une quinzaine d'immenses classiques prennent la tangente ; Boris Vian, Jean Ferrat, Renaud, Maxime Le Forestier ou Serge Gainsbourg s'évadent dans le chaâbi comme s'ils avaient toujours vécu là-bas. Pour ce faire il fait appel à deux figures emblématiques, P'tit Moh (Gnawa Diffusion), et Rafah Khelifa (Souad Massi).

Après deux ans de tournée au sein du Collectif 13 (Tryo, La Rue Kétanou, Massilia Sound System, Le Pied de la Pompe, Syrano...), Alee & Ordoeuvre remettent le couvert dans la foulée avec ce premier album : Mélancolie, textes au poing levé, révolte, humanisme et rêvasseries, des thèmes forts écrits par Alee et partagés sur quelques mélodies d'Ordoeuvre. Un album qui revisite les racines du genre. Du jazz à la chanson française en passant par les marécages du hip-hop, tout en survolant des principautés funky avec des fresques lyriques et rêveuses.

"Jusqu'à présent, le meilleur raccourci pour présenter ARLT était d'en faire la trouble réincarnation du duo Fontaine-Areski des années 70. Ce qui n'est plus pertinent alors que paraît leur chef d'oeuvre. De la "danse nuptiale" à la partie à quatre, les frictions produites en studio avec Mocke et Thomas Bonvallet ont intensifié chaque particularité du couple. Rustres et séductrices, hagardes et extralucides, drôles et effrayantes, ces Deableries jettent un mauvais sort à la chanson française."

Entre opéra rock et comédie musicale, envolées lyriques et intimité feutrée d'un simple piano-voix, la chanteuse belge revient après 8 ans d'absence.

Révélation instrumentale aux Victoires de la Musique 2014, l'altiste Adrien La Marca a muri son premier enregistrement pendant deux ans. L'album English delight, hommage à l'alto et aux compositeurs anglais, se révèle d'un grand lyrisme mêlant différents registres d'époques et de styles. Adrien La Marca nous convie à un voyage sur quatre siècles, de Dowland, Purcell, Vaughan Williams, Bridge, Clarke, Britten à Jonathan Harvey. Tous anglais, ils se sont influencés les uns et les autres au travers de 400 ans, mais offrent des langages si différents et sublimes à la fois. Chacune de ces pièces est liée à un moment spécial du parcours artistique et musical d'Adrien La Marca. Outre le grand plaisir qu'il ressent à les jouer sur scène, il est désormais heureux d'avoir pu les réunir sur ce disque.